Venez voir fondre sur vous des ressacs émotionnels de 15 mètres et revenir à flot des malles de souvenirs é-perdus. De l'humour à la gravité, on se laisse percuter comme un skipper en pleine mer par les courants contraires d'Anna, incarnée et créée par Elisa Ollier, grand maître d'écriture et d'équipage ; exploratrice de l'intimacy dark punk theater ! Comme le "poétiserait" William : " O mon coeur, garde ta nature [..] ! Soyons inflexible, mais non dénaturé; ayons des poignards dans la voix, mais non à la main. Aux maux désespérés, il faut des remèdes désespérés, ou il n'en faut pas du tout. Je suis l'esprit de ton père, condamné [..] la nuit et le jour, à jeûner dans une prison de flammes [..]. S'il ne m'était pas interdit de dire les secrets de ma prison, je ferais un récit dont le moindre mot [..] glacerait ton jeune sang, ferait sortir de leurs sphères tes yeux comme deux étoiles." (extraits d'Hamlet) " Tu souriais, [...] — quand, couvrant la mer de mes larmes salées, — je gémissais sous mon fardeau. Et ton sourire me rendit — l'énergique patience de supporter — tout ce qui pouvait advenir. [...] Esprit, as-tu — exécuté minutieusement la tempête que je t'ai commandée ? " (Prospéro) # écrit le 30/10/19
-C'est Ici & Maintenant ! Si vous souhaitez comprendre toute la modernité de Molière et vous réconciliez définitivement avec les grands classiques, surtout, ne tardez pas à aller voir les représentations de juillet du Dom Juan produit au théâtre du Ranelagh. Les masques tombent et tout est mise à nu quand les multiples talents et la grâce des comédien(ne)s, danseu(ses)rs et musicien(ne)s, nous content et nous révèlent le tragique du badinage amoureux - où tout se joue - ; quand "Il n'y a plus de honte maintenant à cela : l'hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour des vertus !" Belle soirée à vous dans cette plongée envoutante et magnifiquement déstabilisante ! # écrit le 11/07/19
Grand bravo à la troupe des Contes de la Vallée dont vous devez courir voir la dernière représentation le dimanche 28 mai prochain ! Je suis sûr que, tout comme moi, vous vous laisserez gagner par la poésie de l'Entre deux monde créé par Emilia Santucci. Le spectateur est guidé dans un voyage intérieur peuplé de créature métaphysique, Pierrot lunaire et ballerines philosophes mettant en jeu leur questionnement sur "l'être en vie" et "l'être absent". Très belle réalisation : la mise en scène et en musique, les chants, dialogues et chorégraphies troublent et se répondent pour mieux nous ramener à l'essentiel : être présent et créer sa vie dès maintenant ! Très ému enfin par le passage redonnant toute sa modernité à la fable "le Chêne et le Roseau". # écrit le 23/05/17
"Ma Loute" frappe fort en ce moment dans la mise en situation de la vacuité humaine mais rassurez-vous, pas besoin d'aller à Cannes ou au ciné pour voir une distribution d'actrices et d'acteurs, dépeindre avec férocité la bourgeoisie à la française ! Vous ne serez pas déçu par le travail de la troupe Oxygène car au-delà de la peinture impitoyable du milieu où l'ennui & l'argent sont roi, se glisse une humanité dans les personnages qui semblaient au départ les plus irrattrapables. Alors courrez au théâtre "Le Funambule" pour découvrir le jeu sur le fil de cette troupe qui fera parler d'elle, j'en suis sûr. Mention spéciale au jeu des comédien(ne)s incarnant la tante Desmermortes & l'père Messerschmann qui derrière les masques intraitables de la vanité et l'avidité nous touche lorsqu'ils les font tomber. Trop jouissif, voir toutes les certitudes des invités au château s'écrouler comme dit Anouilh dans le fracas des colonnes du temple de Dagon. Merci pour le spectacle ! # écrit le 21/05/16
-Vive la troupe du Petit théâtre de Naples qui a tout des grands !
10/10
Pièce de Camus à vite découvrir ou redécouvrir par ce travail de mise en scène d'une belle et tragique modernité qui redonne aux dialogues des acteurs toute leur actualité atemporelle. Pour préciser mon ressenti, je peux dire que l'interprétation de Caligula tout en corps et en esprit aiguisé ainsi que celles de ses doubles en négatif, Cherea le vertueux, Scipion l'amoureux pur (tout en poème), Caesonia l'amante passionnée, sert magnifiquement cette pièce où les émotions premières sont invoquées et vécues sans concession. La mise en scène par ses lumières, ses sons, ses décors et les danses nous font intiment ressentir l'affrontement tragique d'une âme en perdition qui détruit les autres et se détruit elle-même dans sa folle quête d'une radicale liberté. L'habillement visuel en arrière-fond avec ses scènes de guerres filmées en vidéo appui l'idée d'un bombardement de passions où chacun peut y rester, s'y perdre et être pris dans la fulgurance et le rythme coup de poing de certaines situations. Pour revenir sur les incarnations de cette magnifique troupe où chaque rôle a son importance dans la tragédie qui se met en place, ressurgit en moi la stature du comédien incarnant Cherea qui nous plonge dans la justesse des meilleures dialogues platoniciens. Revient aussi la présence d'Helicon en "Mr Loyal jusqu'au bout" si marquante par sa fidélité dans l'affranchissement. Et puisque "les histoires d'amour finissent mal en général", comment oublier la relation qui unit les amants maudits Caesonia-Caïus où l'on retrouve l'amour-mépris si bien filmé par Godard. # écrit le 30/05/13