On a beaucoup aimé, on était trois, une amie, ma femme et moi, unanimes. Arrivés au courant de rien, on a vite été captivé. Il s'agit d'une femme qui se débat pour vivre, quelque part dans les années 60-70 entre la Suisse et l'Allemagne. Bien qu'elle ne lui ressemble pas, elle m'a fait penser à Marthe Keller dont j'étais amoureux gamin (qui courait la banlieue avec Higelin, vous voyez ? C'est ce temps-là. Sauf que là-bas on était plus près des Soviétiques, et l'armée américaine stationnait partout). Bon au début elle n'a rien de fleur bleue : plutôt méprisante, provocante, toute embêtée qu'elle est par un flic qui lui cherche des poux. Pour autant elle veut lui faire comprendre des choses, et la froide créature alors fait passer devant vos yeux toutes les femmes qu'elle est ou a été. Et pas que : il y a aussi les hommes et les situations, ce qui ne manque pas d'élans tragiques, poétiques, comiques, savoureux. Cette Grisélidis, seule sur sa scène étroite (c'est un théâtre de poche), nous a emmenés chez elle avec son mec, et dans la nuit au bord des routes, dans ses rêves de bonheur, dans ses amours, dans les dancings avec les noirs américains, j'en oublie. Une nuit dans un bordel avec la soldatesque, jusqu'à six heures du mat quand les MP font la voiture balais... Une " gueule cassée " authentique... Les tsiganes, une roulotte où se réfugier, et l'ombre des camps de la mort, sans lourdeur, avec pudeur et poésie... Une énergie, de l'amour, de la beauté, de l'humour et du coeur... et puis un temps, une époque. Non, franchement on est entré dans un monde. C'était bien. # écrit le 26/02/14 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com