Un établissement thermal, une rencontre entre un homme et une femme, l'un et l'autre mariés, et la naissance soudaine chez l'homme d'un amour idéalisé pour cette femme à qui il propose d'écrire et de lui faire partager tous les moments de sa vie, une relation qui ne quittera pas le monde de l'esprit pour, dit-il, " un amour qui ne finit pas ", ce qu'elle accepte. Bien sûr, les jardins secrets doivent le rester, et les vies de couples des personnages , dont les apparences se lézardent, donnent lieu à des joutes cruelles, mélancoliques, drôles. Belle interprétation des acteurs, plutôt dans le style " comédie de boulevard ", Michel Fau, tout en retenue et intériorité qui donne du couple une vision désenchantée . Bon moment. # écrit le 03/07/16
Christian SCHIARETTI , met en scène , dans un décor étroit et fermé, sans échappatoire, entre deux portes , un trio , le professeur qui donne des leçons, l'élève motivée, la bonne qui en sait long. L'on assiste à la lente évolution du professeur , d'un être policé, en retrait, , qui s'excuse sans cesse, à celui qui s'asseoit dans son rôle et interroge , face à l'élève qui répond, jeune fille de bonne volonté, puis déroutée , puis insolente, puis indifférente au savoir qui la dépasse, enfin , victime de la logorrhée du professeur. Alors ,René LOYON, prodigieux, dans son délire verbal, où les mots le galvanisent, nous entraîne dans une spirale vertigineuse où le verbe n'est plus libérateur mais une descente aux enfers pour celui qui s'y livre et celui (celle) qui le subit . Le langage terre d'échange ressemble ici à la lente toile que tisserait une araignée autour d'une partenaire qui ne serait qu'une proie. A ne pas manquer # écrit le 30/06/16
Comédie grinçante et jubilatoire menée tambour battant par les comédiens des Tréteaux de France sur les dérives de la spéculation financière vues par Balzac dès les années 1840 , miroir du capitalisme financier du 21è siècle. L'Argent -Roi non plus fruit du travail mais enfant de la Bourse mène le monde à la baguette, fait et défait les fortunes, les existences, les sociétés. L'argent qui circule même celui qui n'existe pas mêle créanciers et spéculateurs dans la ronde de l'illusion, la duperie, la manipulation. Mise en scène inventive où les comédiens passent d'une façon alerte d'un personnage à l'autre via des costumes et perruques , des voix, croqués à la Daumier, s'achevant en chorale drôlatique où les sentiments revendiquent leur place dans le monde froid et cynique de l'argent. A voir absolument dans cette belle mise en scène de Robin RENUCCI # écrit le 20/06/16 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Sur le fil conducteur d'une invitation à une soirée qui vient de lui être faite, Amaia déroule avec intelligence, vivacité et inventivité , les états d'âme et tracas d'une jeune femme au en train de se préparer. Quelle tenue ? la femme féminine vue par l'homme, les choix dans la vie, la perte ou l'égarement des objets au quotidien , Des réflexions sur le caractère convenu des échanges sociaux , le pouvoir des choses sur nous, les portes....Le végétarisme et ses excès.. Le quotidien est disséqué par petites touches brèves, drôlatiques et souvent donne lieu à des scènes de délire très drôles que nous ne dévoilerons pas. Amaia , proche du public, inspire la sympathie, et déclenche des rires complices. A voir absolument. Excellente soirée. # écrit le 10/02/16
-Pétillement de gaité, couleur, musique, sous ce pétillement la gravité d'aspirations féministes au savoir et à l'égalité
9/10
Une mise en scène Chorégraphiée : dans un espace rouge et noir , un pas de deux de Chrysale et Philaminte, des jupes et robes qui virevoltent , les danses de Henriette, le combat singulier de Trissotin et Clitandre, Colorée : le bleu Chrysale, l'ocre Philaminte, le mauve Clitandre, le blanc Trissotin, le jaune Bélise, et le rouge de l'incendiaire et blonde Henriette par qui souffle un vent de liberté. Musicale et chorale : extraits de chansons, la guitare d'Armande , Philaminte Armande et Bélise en état de délectation face aux vers de Trissotin qu'elles répètent à l'envie comme une musique baroque . C'est très drôle, par le jeu des acteurs, le comique discret de Chrysale, les affêteries et excès de langage, l'illusion de Bélise, c'est grave par l'aspiration sincère de Philaminte au savoir et à l'égalité homme femme, c'est libérateur par la raillerie des conventions et la volonté de bonheur d'Henriette. Un moment de poésie , Armande et sa guitare, seule, près de la lunette astonomique . A NE PAS MANQUER # écrit le 30/01/16
Dans une pièce close un homme et deux femmes se retrouvent à leur mort, en enfer où leurs actes monstrueux les ont conduits. Pourtant chacun se présente en victime, manipule les autres pour la reconnaissance d'une injustice. Leur regard intérieur leur ment. Puis Les masques tombent lentement sous les questions qui ont la dureté d'un scalpel . La mise à nu, la mise à mort. Le regard de l'autre comme un miroir. La culpabilité sans absolution. La souffrance. Bientôt la peur du vide, de la solitude, les passions qui reprennent leurs droits, jalousie, séduction, attirance, rejet. Et l'évidence... ils sont morts. Ensemble pour toujours, la solitude à jamais. Nous spectateurs dans ce petit théâtre clos , étouffant , sommes pris au piège de ces tourments, les répliques trouvent des résonnances en nous. Les acteurs nous amusent, nous émeuvent , avec leur jeu fin qui dessine si bien leurs personnages. Monique Vérité- Ines, dure comme un diamant, jalouse de ne pouvoir encore aimer. Corinne Richard- Estelle , dont la voix douce et sensuelle dit le pouvoir de séduction. Denis Mathieu-Garcin, le lâche, qui ne donne prise. L'enfer est bien là, ... on n'est pas pressé... Seulement d'aller le voir... # écrit le 25/01/16
-Enigmatique Jachère au théâtre Gérard Philipe. Conception et mise en scène : Jean-Yves RUF. Un bar on ne sait où. Des personnages énigmatiques et silencieux. La barmaid derrière le comptoir, un client assis devant, un verre à la main. Une jeune fille qui court au téléphone et en revient avec violence. Une vieille femme qui émerge d'un fatras de couvertures. Un homme sur un canapé. Une turbine en sous-sol gronde. Un jeune homme entre, il ne dit mot, on lui offre à boire. Il est vivant. Et les mots viennent lentement à ces personnages silencieux. Leur passé, leurs blessures, leurs attentes . Il les ranime. Un chant a cappella dans le silence. Des grondements sourds , comme un sous-monde, la vie entre-parenthèse, une attente. Des hommes et femmes en jachère. Le possible. Peut-être. # écrit le 15/01/16
-"Andorra-autopsie d'une haine ordinaire" Pour compléter le commentaire de Patagras signalons la qualité de l'environnement musical et son rôle dans les aspects poétiques, poignants et drôles de ce spectacle. La pièce traite de 3 thèmes : Le besoin d'un groupe social de désigner un bouc émissaire responsable de ses maux. Ici le personnage considéré comme juif. la responsabilité collective mais aussi individuelle, par lâcheté et compromissions, dans une persécution conduisant à l'exclusion . Ici le fait de petites gens. L'intériorisation par un individu d'éléments d'identité qu'on lui impose, le personnage se sent juif et se sent différent des autres comme le groupe le prétend. Le groupe dit " ils ont ça dans le sang ". L'identité et la perte d'identité . Le personnage a accepté d'être juif et d'être différent. Quand il apprend qu'il ne l'est pas , il le refuse et s'accroche à une identité qui n'est pas la sienne mais qu'il a intériorisée, c'est désormais son choix personnel. Perdre cette identité c'est ne plus exister. A voir absolument # écrit le 12/01/16