Un jeu de comédien fascinant, rafraîchissant, téméraire dans ses emprunts au cinéma. Scènes interposées et changements d'angles, la mise en scène est d'une rare originalité. Un banc, trois instruments et six acteurs. La sobriété de la scénographie contraste la richesse et l'envergure du spectre des émotions parcourues. Des tableaux du quattrocento aux sculptures baroques voilées, des amours chorégraphiées aux luttes passionnelles et sanglantes, nous sommes envoûtés, émus, constamment surpris par la présence et la sincérité des comédiens. Bercés par la mélodie de leurs voix; lovés par les langueurs d'un violoncelle; inspirés par le souffle d'un accordéon et éveillés par les stridences d'une guitare, nous succombons à la poésie Shakespearienne, subtilement réinterprétée, reconstruite pour notre sensibilité contemporaine inhibée. Qui aurait pu croire comique la plus notoire des tragédies ? Juliette et ses pères invoquent nos larmes, Roméo nos passions les plus ardentes, la nourrice notre amour de parent, Frère Laurent tout ce qu'il y a de bon en nous, et Mercutio... Mercutio réalise le plus sublime des braquages en forçant le coffre-fort de nos préconceptions, réécrivant un personnage, une institution du théâtre, et changeant, à lui tout seul, le registre de la pièce. Une subversion inattendue et bienvenue qu'il était temps d'inventer. En bref, courrez voir cette pièce. # écrit le 21/03/19