Rarement, une pièce n'a été aussi terrible et terriblement juste dans sa construction psychologique. Ce combat entre une catholique qui accepte son sort sans rien demander à personne et ce prêtre qui tente d'imposer sa vision de cette même religion au mépris de l'autre, est une horreur car ce combat broie deux êtres à propos d'une démarche qui leur est indispensable à l'un comme à l'autre. Ainsi, le prêtre est persuadé que seule la confession est la solution pour la vie éternelle, même au prix du sacrifice des dernières heures et du sacrifice de la paix intérieure trouvée, même en sachant qu'il fait du mal dans le présent. Etre au milieu d'un troupeau de brebis, les plus égarées qui soient, est suffisant pour savoir et imposer sa volonté. Mais la catholique n'est pas sûre de son fait et tente de retenir le prêtre après un premier départ. Est-elle sûre de son choix ? le prêtre n'est-il pas un peu trop jésuite ? développe-t-il aussi un coté tortionnaire ? faute de pouvoir convaincre, va-t-il faire comme dans Les justes de Camus passer par une "police politique" pour imposer ses choix ? Remarquable texte et extraordinaire interprétation. Bravo aux deux comédiens et à Jeener d'être toujours aussi performant. # écrit le 27/06/11
Je suis très mitigé sur ce spectacle. Sur la base d'un texte qui semble fort, on l'affaiblit par des chansons, une approche Cabaret, une segmentation... Je n'ai pas su trouver quel était l'objectif de la mise en scène. Peut-être suis-je trop puriste et attendais un texte pur dans toute sa violence, violence liée à la vie même de Marmor. Et je n'y ai trouvé qu'une comédie douce-amer oscillant entre mariage, camp de concentration présenté à la lampe de poche, chansons gaies pour midinettes, souvenirs épars, enfant perdu et toujours cherché... # écrit le 27/06/11
Je n'irai pas le sens des autres spectateurs. Je n'ai rien d'autre à dire : affligeant. Si on a bien vu les vices (quoique), où est la vertu ? C'est un tas de sketches dont les comédiens se croisent au sketch suivant. Sans le dire, cela tourne quand même sur l"homosexualité, l'homophobie, le transgenre, l'homosexualité refoulée... Quitte à traiter du sujet, autant le faire bien ou ne pas le faire du tout. Ici, c'est plat mais masqué derrière la notion de "pièce chorale". Ca veut dire quoi ? Le Spectacle est-il une comédie ? une satire ? J'ai rarement aussi mal aimé une pièce : le texte ne vaut rien et la mise en scène n'est pas mieux. Pas même un tout petit plaisir pour justifier la soirée. # écrit le 18/06/11
Assurément, les acteurs sont investis dans leur rôle et le vivent pleinement. Le texte est fort car il s'appuie sur des rapports de force (mentaux) entre deux personnes, l'un prenant le dessus puis l'autre et alternativement. On ne sait pas où est la vérité, qui ment, oublie volontairement, modifie la réalité, manipule et tout cela pourquoi ? Le sujet du texte est presque anecdotique mais renforce cette confrontation (le fait que le père du médecin soit SS n'arrange rien). Que faut-il tirer de cette "expérience" ? Que pousser à l'extrême, l'être humain résiste peu ou mal face à son congénère ? que le sentiment de soumission est un plaisir ? que la peur d'être soumis est effarante ? Belle pièce, belle interprétation mais il faut être prêt à entendre cela et ne pas venir à "l'aventure". # écrit le 18/06/11
L'interprétation est à l'image du texte : puissante, humaine, réservée, emportée, tumultueuse car portée par les sentiments. A l'écoute du texte (car finalement j'y suis très sensible), j'entend toute la réflexion de Camus et au travers lui les révolutionnaires du début du XXième. En vrac : le meurtre comme moyen de changer le monde, l'amour de la veuve pour un homme bon, l'idéaliste des juste-au-boutistes, l'amour des hommes par des révolutionnaires puristes, l'amour d'une femme (pour un homme en comparaison de l'amour des hommes) dans un contexte d'attentat, la nécessité de gérer un groupe, les angoisses, l'anticipation de l'avenir... Et cette idée de mourir deux fois : en tuant et en étant pendu. La force du symbole et pas forcément du martyr. Avec cette incroyable dualité : les hommes regrettent la pendaison car ils croyaient au pardon car la vie doit être la plus forte et la femme qui préfère l'idéal vrai au point d'accepter la mort comme objectif du bonheur ultime (mais quel est le lien entre son amour de ce pendu et l'amour de la démarche du pendu ?). En synthèse, l'apparence et le fond en totale opposition et contradiction. Finalement ils tuent un homme généreux mais dans son monde au nom d'une idée qu'ils croient pouvoir partager ou faire admettre par la force. D'où cette remarque terrible du policier : "vous y viendrez à la police politique". A défaut de faire admettre le pouvoir du peuple, ils le forceront par la police politique. Terribles tous ces combats idéologiques et humains entremellés surtout quand les spectateurs savent comment tout cela va se terminer. # écrit le 11/06/11
Décidément, je suis très difficile ou chasseur de poncifs. L'interprétation est là aussi bien faite dans ce monologue (encore un). Mais le texte n'apporte pas d'émotions, d'idées, de sentiments... Un cri pour les libertés bafouées ? Je n'y ai pas été sensible. Dommage. Allez voir le comédien car il mérite votre passage. # écrit le 11/06/11
C'est toujours difficile de dire ce qu'on pense quand il y a tant d'éloges sur le texte et sur le spectacle. Assurément, l'interprétation de ce presque monologue est remarquable d'intensité, de réserve, d'impulsion, de sensibilité... Les deux autres comédiens renvoient bien "le propos" et tout cela fonctionne bien. Sur le fond, j'ai bien entendu cet amour des hommes, quelque soit la nationalité, cet amour entre un homme et une femme, ce refus de céder l'un à l'autre dans le contexte du moment, finalement, cet idéalisme, ce romantisme... Maintenant, quand on écoute le texte (sorti du contexte de la guerre), cela n'apporte pas beaucoup de choses, un peu décevant, peut-être parce que je l'ai trop entendu, qu'il y a trop de poncifs. Mais tout cela est dans le contexte de la guerre. Cela donne-t-il une force particulière ? pas pour moi. Donc bravo aux comédiens remarquables. # écrit le 11/06/11
L'Athénée n'a pas été à son meilleur niveau cette année. Avec cette dernière pièce, encore une occasion ratée. Ce monologue d'une heure 15 n'apporte pas grand chose ou du moins je n'y ai pas trouvé grand intérêt. C'est l'histoire d'une vie d'une femme, de ses espérances, de ses souffrances... Rien qui me fasse bouger, rêver, pleurer. La mise en scène est décevante. Pas forcément déçu car on sent la qualité des artistes et les savoir-faires mais on regrette un sujet peu porteur. Peut-être par ce que je suis un homme... # écrit le 11/06/11
-Un texte magnifique pour une interprétation généreuse
9/10
Sans a priori en entrant dans la salle et ne sachant quoi y trouver, je fus comblé à plus d'un titre. D'abord, une équipe de comédiens particulièrement bien inspirée. Tous étaient bien dans leur rôle, jusqu'à la physionomie. Le texte est remarquable car on sent bien l'amour de ces jésuites d'Amérique du sud mais aussi l'hypocrisie d'autres jésuites à Rome, prêts à sacrifier leurs frères pour sauver leur congrégation. Dans ce monde religieux, sensé être au service des plus pauvres, dans l'amour de dieu, on se rend vite compte que les nécessités humaines prennent vite le pas sur la foi. C'est totalement terrible et les jésuites, face aux indiens, n'imaginent même pas qu'il est possible de leur demander le sacrifice de leur "royaume" sur terre. Dans le même temps, c'est aussi une critique des méthodes employées par ces mêmes jésuites : la soumission totale au père, l'absence de démocratie, de liberté. Mais les indiens étaient dans une telle souffrance, exploités par pire que les jésuites - des espagnols -, qu'ils y voyaient un moindre mal et un ventre plein (car leur travail les nourrissait). Par ailleurs, le plus terrible est cette affirmation de celui qui est venu les aider mais aussi les "assassiner" : "Votre plus grand tort est d'avoir raison". En effet, les jésuites réussissaient à rendre les hommes heureux sur terre car ils ne cherchaient pas l'argent, ni le pouvoir mais simplement le bonheur des leurs (ils réinvestissaient les bénéfices de leur négoce). Et cela était insupportable pour tous les dirigeants du monde (donc de l'Europe) car cela remettait en cause le principe de l'exploitation des peuples au bénéfice d'une minorités, quelque soit leur sensibilité. Tout ça pour dire que le chemin parcouru a été long depuis le XVIème siècle jusqu'à aujourd'hui même si le chemin est encore long pour atteindre ce royaume sur terre "pour de vrai". Bravo à tous. Et à Gautelier que j'ai beaucoup malmené précédemment. # écrit le 11/06/11
-Ou l'art de se souvenir que la liberté n'a pas toujours été acquise
7/10
Le texte n'est pas de Beauvoir mais de Véronique Daniel qui raconte la vie de de Beauvoir en brossant ses combats, ses victoires, ses difficultés, ses forces mais aussi ses faiblesses. On se rend compte qu'après guerre, la liberté des esprits n'était pas acquise, que le poids des traditions et des habitudes était encore lourd à porter. C'est particulièrement instruction et bien construit. L'interprétation est vivante et passionnée. On finit par se dire que les combats menés n'ont pas été inutiles mais aussi qu'il faut persévérer car il reste encore des combats à gagner (je vous laisse le soin de les identifier). On se dit aussi qu'il faut être prudent car des régressions sont toujours possibles surtout si on laisse faire les religions quelqu'elles soient. La force de caractère de Beauvoir laisse vraiment rêveur... # écrit le 11/06/11