Dans ce huis-clos où Vincent/Treat joue une bombe violente à retardement, Bastien/Philipe un électron libre, enfant singe, acrobate humoristique et Etienne/Harold un médiateur sous air de mécène, apaisant, ( Bach contre un métronome!) la pièce tente de redonner un sens au chaos. Cette pièce retrace et fait écho au parcours que prennent la plupars des garçon pour devenir homme ou inversement, le tout sous la lunette de la grande influence que représente notre environnement familial. Cette pièce nous trouve les brisures, les failles, et choisit de nous les exposer, de les écarteler mais aussi de les soigner le tout: intensément. L'absence de figures parentales s'expriment brutalement sous la forme duale des frères. Treat, en voyou, jouant les brutes écrasant son frère, Phillipe, qui par son ingenuite, son innocence, son énergie et enthousiasme enfantin incarne certainement l'enfant refoulé chez Treat, qui a dû grandir trop vite dans l'adversité, sans modèle ou plutôt coincé dans une phase d'opposition qui autant que l'impuissance de Phil nous montre une grande vulnérabilité. Phil, "enfant" martyr, victime des jeux durs auxquels le soumet son frère, retenus comme par un Stockholm, représente l'espoir de la pièce. En effet, fidèle à ses rôles habituels, Bastien Ughetto prend encore une fois le parti des incompris, des pseudo-naïfs sous estimés et opprimés, pour nous prouver que la vulnérabilité sinon une force n'as pas sa place au lynchage. Et essentiellement, que la sensibilité est une chance et une opportunité, et que contrairement aux convictions erronées de Treat, elle n'est pas un obstacle à la maturité bien au contraire. Personnage intuitif, son intelligence et sa volonté de s'en sortir transperce au fil de la pièce. Le catalyste à la noirceur cyclique des deux garçons est Harold, le rédempteur!! Dans ces orphelins, il y reconnaît un fantôme de son passé. Étant lui même sorti (en apparence) "vainqueur" des tourments connus par tout homme ayant mué leur première peau, il représente le dernier symbole du mentor, du père perdu, en prenant sous son aile ces oubliés, ces abandonnés, ces traumatisés. Dans cette bâtisse à la fois cocon familial où seul reste quelques traces maternelles, entêtant d'ailleurs un Phillipe qui désire la femme puis Treat qui recherche la mère; elle épouse la forme de la prison des deux orphelins. (merci Freud.) La réunion du guide d'une figure de père, reconducteur, acteur à celui de la mère réconfort, spectateur, est la clé pour faire passer du garçon à l'homme. Jeux des lumières géniaux qui aèrent la pièce, en rythmant le temps dans cet espace étouffant, tantôt à travers la télé, le couloir vers le placard, mais surtout la petite fenêtre (autre symbole d'ailleurs derrière l'utilisation de la fenêtre et de la porte comme arcade vers l'indépendance/liberté) sur cour. Au spectateur impuissant, qui subit presque les révélations fortes sur les problèmatiques de la pièce et pourquoi pas sur lui-même. Beau parti pris de la réalisatrice Sylvy Ferrus, qui a permis au monde francophone de découvrir cette perle, première adaptation française qui mérite largement plus d'exposition. Universel. Aparté: Pour tous ceux qui souhaiteraient découvrir la pièce, à mon humble opinion, il serait bon que la violence reste pour tous un bruit de fond, le racisme, le sexisme comme une autre forme de confusion. Car la réponse à cette pièce lourde en émotions est dans la compassion, l'éducation, la reconnaissance du bon dans l'autre. Si l'on retient uniquement le cruel, le tragique, le violent, qui nous pousse à devenir Treat, toujours un peu plus inconscient amer et perdu: alors nous n'avons rien compris. comme nous le rappelle alors Harold: " On a tous besoin d'un peu d'encouragement." # écrit le 12/06/16 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com