Comédie: Le malade imaginaire

-délirant et curatif
Evidemment, cela reste la pièce que tout le monde a lue sous la torture scholastique, et néanmoins souvent aimée. Mais le texte, respecté à la virgule, est ici mis en relief, survitaminé, par une mise en scène délirante et colorée, où l'on a physiquement mal aux côtes à force de rire, et où le vertige nous saisit lorsque les jeux de bras et de (longues et fines) jambes, les mimiques facétieuses de tous les personnages, la gouaille savoureuse d'une Toinette capable de parler comme une titi parisienne qui en aurait vu, du pays, à force de faire le trottoir, lorsque tout cela cesse pour laisser place à l'effrayant Monsieur Purgon qui, de toute sa hauteur, de toute sa noirceur, nous écrase et purifie comme un feu ardent nos âmes alourdies au quotidien par tant de craintes infondées, en nous exhortant à la rationnalité et à la bravitude. Les intermèdes et le final dansés par les comédiens permettent d'admirer la somptuosité des costumes et l'outrance délicieuse des postures caricaturales et bien marquées des différents personnages ; on a la tête qui tourne, on n'a pas envie que cela s'arrête, et, à force d'écarquiller les yeux pour absorber littéralement tout ce qui se passe partout sur scène à chaque instant, on évite le torticoli de justesse grâce à la sollicitude des comédiens qui sont aux petits soins avec le public.
# écrit le 10/05/07