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Pas de quoi crier "A bas !", même si le moment de vie de Monet qui nous est dépeint n'est pas le meilleur qu'il ait connu. Deux ans après le décès de son épouse, dans un manque d'inspiration profond et donc une remise en question totale, l'artiste est toujours soutenu par le célèbre marchand d'art, Durand-Ruel, à qui il doit beaucoup. Mais depuis la perte de sa petite femme, il lui manque cette petite flamme, qui ne demande pourtant qu'à être ravivée. Et si les meilleurs coups de pinceaux provenaient des plus beaux coups de foudre ? Dans la pièce de Cyril Gely mise en scène par Tristan Petitgirard à qui l'on doit notamment La machine de Turing ou encore La chambre des merveilles, trois comédiens se donnent la réplique et passent par tous les tons, dans une palette colorée d'humeurs, d'humour et d'amour. Grimpez à bord du Chevalet de Trois et laissez-les vous conter cette espèce de Monet, sans un sou et pourtant très cash, à travers un tableau de son existence où il mit toute sa foi dans la Cathédrale de Rouen. Un saut en Normandie qui vous fera voyager en co-voiturage avec Clovis Cornillac, Maud Baecker et Eric Prat : des impressionnistes du jeu qui font vivre le théâtre dans son instantanéité, tout en rendant grâce à un pointillisme pointilleux en toile de fond. # écrit le 25/12/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Quand on pense à Jack London, viennent instantanément des images de chiens et de loups bondissant dans la neige. La maison du loup, c'est justement le repère de l'écrivain, mal dans sa peau, en quête de gloire mais ne parvenant pas à trouver de solution pour entretenir et pérenniser sa renommée. Il vit avec Charmian mais reclus. Vidé. Jusqu'à l'arrivée inattendue d'un homme égaré, Ed. L'entrevue est explosive. Elle mène à des tabous et livre des secrets. Mais surtout, elle fait passer le vieux bougre par la case de re-départ. Anne Plantey, Amaury de Crayencour et Benoît Solès (à l'écriture et au jeu) portent un texte puissant, mis en scène par Tristan Petitgirard qui plonge le spectateur en immersion dans un décor invitant à l'évasion, là, dans une maisonnette reculée où c'est la chaise à bascule qui donne le rythme de cette Amérique loin des villes, profonde et sauvage, du début du siècle dernier. # écrit le 26/09/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Courgette, c'est le nom donné à un pauvre petit gamin qui va, un jour, se retrouver placé dans un orphelinat. Il entre dans un monde parsemé d'enfants, comme lui mais différents, qui n'ont plus forcément de repères, au moment où ils doivent les construire. Certains racontent des salades, d'autres deviennent rouges comme des tomates quand on leur parle, quelques-unes voudraient être traitées endive A, car c'est une bonne note sur le barème du nutriscore. Il y en a un qui rêve de devenir avocat. Ce ne sont pas de mauvaises graines mais il faut les aider à mûrir, pendant qu'ils poussent. Dans leurs histoires où se mélangent les cultures, il y a de l'attachement, des déchirements. De la douleur mais aussi de la poésie. Des caprices et des actes légitimes. La mise en scène est dynamique et vit au rythme de comédiens - musiciens qui ont bien compris qu'on ne peut pas laisser en jachère une terre fertile et permettent ainsi une jolie moisson, aidés de tous ces petits bourgeons qui ne demandaient qu'à éclore. Vive le théâtre et vive la culture ! # écrit le 09/03/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
On ne sait pas s'il avait prévu de revenir mais une chose est sûre, son retour, il l'a soigné. Et l'a signé, de sa patte habituelle. Pierre-François Martin-Laval, autrement dit PEF, presque aussi légendaire que le Roi Arthur qu'il incarne, a remis au goût du jour sa comédie musicale, Spamalot. On y retrouve toute sa fantaisie, des Chevaliers de la Table Ronde pas très carrés et des scènes totalement décalées. Passé son chant approximatif mais totalement pardonné, les autres qui donnent de la voix sont d'authentiques professionnels. La machine est huilée, les décors travaillés, la mise en scène rodée. Il n'est pas certain qu'une troisième version voie le jour alors autant profiter de celle-ci. Plutôt que de passer son samedi après-midi chez Leroy Merlin, mieux vaut aller à la rencontre de l'enchanteur et de son roi (avec un i qui n'a aucune raison d'être grec). # écrit le 07/01/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Lorsqu'une pièce est nominée six fois aux Molières et qu'elle reçoit deux de ces prestigieuses récompenses, il est évident qu'elle ne peut pas rester sur la touche. En l'occurrence, celle-ci nous en propose des blanches et des noires, en se penchant sur la vie de Glenn Gould, pianiste et figure marquante du vingtième siècle, de par son doigté et son style. La pression maternelle le pousse à tous les sacrifices pour faire carrière, et encore, le mot est faible puisqu'il devient tout simplement adulé par un public croissant. Mais voilà, tout cela est sans compter qu'il est aussi atteint d'une maladie le rendant fragile face à une foule qu'il a de plus en plus de difficulté à supporter. Son apogée est aussi le moment où il doit faire des choix, quand d'autres voudraient les faire pour lui... L'interprétation des comédiens rend cette histoire aussi passionnante qu'émouvante, heureusement pas de là à en pleurer car il y aurait sinon de quoi se liquéfier, devant le spectacle d'un piano aqueux... # écrit le 01/10/23 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Malgré un démarrage un peu poussif où l'on ne comprend pas tout immédiatement, la pièce raconte une jolie histoire, ponctuée par des rôles secondaires qui apportent pourtant profondeur ou poésie au récit. La danse est ainsi présente en fil rouge pour mettre en musique la vie d'une ancienne étoile émérite. À ce titre, la mise en scène est à la fois travaillée et originale ; elle réserve d'ailleurs quelques surprises. Pour livrer certains passages tendres, d'autres agacés voire en colère, il faut une tête d'affiche et c'est Macha Méryl qui s'y colle. Une grande dame s'il en est, qui a piétiné bien des planches et continue de nous régaler. Elle n'est pas née de la dernière pluie mais assurément sous une bonne étoile. Comme elle, on attend le la du maestro et alors on danse ! # écrit le 02/07/23 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Au Théâtre de la Tour Eiffel, dont la propriétaire est la pétillante Christelle Chollet, on sait que tout risque toujours d'être explosif. Et bien... c'est confirmé, avec cette pièce dont le déploiement rythmé va crescendo. Le temps de planter le décor, de présenter les personnages nombreux, et les artistes, sous une mise en scène dégoupillée par Robin Goupil, passent à l'offensive. Et encore, le mot est faible, contrairement au texte qui, lui, est puissant. A l'heure où la géopolitique est reine et où les relations inter-gouvernementales semblent parfois incontrôlables, la liaison entre Washington et Moscou a intérêt à être bonne. Mais il suffit de le souhaiter pour que se produise le contraire, dans cette hilarante comédie militaire. Allons droit obus, la guerre pourrait bien éclater, tout comme des milliers de rires, dans la salle qui se tord tellement qu'elle perd toute droiture et finit aussi pliée qu'une chaise non électrifiée. No limit n'est pas juste une pépite, mais carrément une bombe déjantée, lâchée sur un public d'innocents... venus tout de même en connaissance de cause, dans un élan théâtralo-patriotique. N'attendez donc pas qu'on vous réquisitionne, rendez-vous service et mobilisez-vous ! # écrit le 25/03/23 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Quelle(s) histoire(s) ! D'un côté une période récente, qui de prime abord -seulement- semble plutôt banale ; de l'autre des bonds et rebondissements dans les années soixante-dix, quand l'Iran traverse ses heures sombres, celles où règne la terreur qui prive les citoyens de leurs droits et éveille certaines consciences à la lutte pour la liberté. Quand le Shah est là, les sourires ne dansent plus. Une fois de plus, le Théâtre des Béliers démontre qu'il abhorre fricoter avec la médiocrité. Dans son génie d'écriture, Aïda Asgharzadeh place et déplace des récits parallèles, à travers un rythme et une intensité qui vont crescendo. Au moyen de décors astucieux, de musique enregistrée ou jouée, et bien entendu par le truchement d'étonnants comédiens détonants, Régis Vallée, aux commandes de la mise en scène, déroule littéralement la narration comme il le ferait avec un grand tapis rouge, et il appuie sur les émotions afin que les mots et les sons qui entrent par les oreilles, passent par le cerveau pour finalement parvenir jusqu'aux yeux, étape ultime d'un voyage qu'Iran les larmes inévitables. S'évader dans le passé, cela a du bon quand il s'agit de ne pas oublier. Cette pièce non plus, on ne l'oubliera pas, et au fil des représentations, à défaut de les prendre pour des jouets, ces poupées, on va les laisser jouer ! # écrit le 12/10/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Il faut le savoir, le Théâtre Hébertot est l'un des seuls de la capitale auquel on peut se rendre les yeux fermés. Il le prouve une fois de plus, grâce à la stupéfiante mise en scène de Léna Bréban qui reprend le maître de la littérature anglaise avec l'une de ses comédies les plus savoureuses. Cette adaptation de Comme il vous plaira, signée Pierre-Alain Leleu, ce n'est même plus du plaisir, c'est de la jouissance à l'état brut. On baigne dans un univers travaillé, avec des décors et des costumes soignés. Autour de la remarquable Barbara Schulz, s'agite toute une troupe d'acteurs qui ne déméritent pas moins et nous régalent tous autant les uns que les autres. Pour ce qui est du texte, ce n'est pas pour rien si Shakespeare a un petit peu de notoriété. Ses comédies, il les rend vivantes, mais surtout comiques, avec des personnages bien marqués, aux contours caricaturaux. C'est à la fois drôle et moderne. Délicieux. Et lorsqu'on y associe de la finesse et de l'excellence, on obtient facilement un chef d'oeuvre et on comprend encore plus aisément pourquoi le spectacle avait été couronné de quatre Molières sur cinq nominations en 2022, avant d'être repris fin 2024. L'Angleterre a peut-être voulu prononcer le Brexit, mais qu'elle nous laisse accès à sa littérature, so... exquisite. # écrit Dimanche
-In vino veritas (ah, mais c'était un jeu de mots ?! ... excellent !)
7/10
Peut-on rire de tout ? Tout humoriste disant le contraire ne pourrait être pris au sérieux... Caroline Vigneaux débarque sur scène dans une espèce de survêtement blanc très décontracté, faussement désinvolte. Elle est bien loin, l'époque de la robe de justice, du temps où elle était avocate au barreau de Versailles... Il en reste malgré tout un phrasé, une diction et une intelligence incontestable, qu'elle donne presque l'impression de vouloir camoufler derrière cet air aussi cool (qui n'est peut-être finalement rien d'autre qu'un prérequis du stand-up ?). Tout se passe bien, ce qui, pour un spectacle comique, veut dire dans le rire, jusqu'au moment où... dérapage. Contrôlé pour l'artiste, mais inattendu et violent pour le public. Car, le "peut-on rire de tout ?", c'est maintenant que les spectateurs vont l'éprouver. Retour, non sur un, mais sur plusieurs moments de sa vie, où elle dévoile les agressions sexuelles dont elle a été victime. Dans la salle, c'est ce qu'on appelle les montagnes russes. De la gêne, des sourires, de l'émotion, parfois des larmes. C'est puissant. Poignant. Elle a pu être une femme de loi, une femme du show business mais elle est avant tout une femme. Tout court. Comme d'autres. Qui n'auront pas de scène pour s'exprimer, mais auront pu profiter de la sienne pour se faire entendre. # écrit le 27/12/24