... si vos facultés de concentration supportent 1h15 de texte pur. Le thème : les dernières heures d'un suicidé. Un spectacle dérangeant : un long silence inaugural, une salle vide aux murs lépreux, des spectateurs en U, des acteurs aux costumes neutres bien que déchirés et tâchés de sang, des phrases s'entrechoquant parfois jusqu'à l'absurde... Le pari de la mise en scène d'une telle pièce est de laisser à nu le texte. Le ton souvent neutre, la diction et son rythme, haché et sans liaisons, laissent les mots se détacher des corps qui les prononcent, et résonner dans l'intelligence du spectateur. Les jeux de lumière et les déplacements, peut-être superflus, ont au moins le mérite d'accorder des pauses au texte, de découper la pièce en semblants de scènes, relançant l'attention du spectateur et faisant pénétrer les mots en lui. L'auteur laissait le choix du nombre d'interprètes. Ici, trois acteurs permettent de mieux rendre le délire paranoïaque du personnage qui, alternant entre différentes phases de la dépression, se donne les raisons de son acte ou vit intérieurement un dialogue avec son docteur dans un hôpital psychiatrique mal accepté. A la fin les mots deviennent répétitifs, obsessionels. L'heure fixée s'approche : à 4h48 le geste libératoire. En définitive un théâtre contemporain dans la place laissé au texte et dans la volonté d'effacer la notion de scène, mais qui reste assez conventionnel dans le partage des rôles acteur actif/spectateur passif qui n'ose et ne peut réagir, donc intervenir. Mais n'est-ce pas aussi une forme de modernité : laisser toute sa place au texte et au sujet, sans expression des sentiments. # écrit le 09/06/07 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com