-l'histoire de la création l'emporte sur la pièce elle-même
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La mise en scène est basée sur les jeux de miroirs et les mises en abyme : "Cyrano" dans l'histoire de sa création, comme écriture de la pièce et première représentation, est aussi une histoire vécue par l'auteur et l'une de ses admiratrices. Du coup, le centre d'intérêt de la pièce se déplace et le vrai sujet montré est le "coup de dé" d'une oeuvre qui s'est écrite de manière partièllement improvisée, et partiellement par nécessité, qui était interdite de jouer, et qui est passée à la postérité du premier coup. Les acteurs sont bluffant. C'est entendu. Ils savent tout faire : danser, chanter, jouer la comédie. Or, les mises en abyme qui ouvrent les portes des rêves pour le public sont encore ailleurs. Par exemple lorsqu'Edmond assiste à une des premières projection des frères Lumière, ou lorsqu'il rencontre Tcheckov. Dès lors se pose la question de l'avenir du théâtre à l'ère de la naissance du cinéma : comment la représentation va-t-elle faire pour se renouveler ? Le théâtre compose avec la mémoire collective en élevant l'oeuvre au rang de l'un des plus grands succès où se reflète le public de Paris. In fine le spectateur averti peut se demander si une telle complexité de la mise en scène ne fait pas oublier un peu le sujet de la pièce. # écrit le 26/06/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Cela sent le vécu! L'idée est géniale! Du coup, comment cela peut-il être théâtrale si c'est sur le mode d'une narration ? On parle quand même d'une des toutes premières pièces d'un des plus grands auteurs de théâtre américain du 20ème siècle, qui reflete beaucoup l'époque des années 1930, et en même temps envoie un électrochoc en soulevant des questions très sérieuses sur l'avenir d'une famille abandonnée par un père de famille parti, laissant femme et enfants, reposant sur le maigre salaire du plus jeune fils, qui rêve de faire comme son père, partir pour l'aventure, dans la marine ou la création artistique, en laissant derrière lui sa mère et sa soeur atteinte d'infirmité. J'adore ce lien entre la marine marchande et la création littéraire, chez les grands aventuriers américains, qui bouleverse complètement les repères sociaux et rationnels de la standardisation, mise en place par les formations professionnelles à l'ère de la société de communication (à l'époque de la naissance de la télévision), au profit du rêve et de l'aventure humaine. # écrit le 19/06/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
J'ai remarqué que le public applaudissait entre chaque acte (Il y en a 4) et pas uniquement à la fin de la pièce. Autrement dit c'est un grand succès cette pièce. En effet, chaque acte monte en crescendo, et le jeu des acteurs est dans un rythme d'une rare intensité. C'est un grand spectacle, une grande pièce, et un sujet complexe. Les personnes qui viennent voir cette pièce, font partie d'un public assez cultivé. Car c'est une pièce que l'on vient voir alors qu'elle est à contre courant, et en même temps extrêmement moderne. Ce ne serait pas drôle si ce n'était cruel à la fois. Parfois Molière prend pour victime un caractère type, et cela fait en général consensus. Mais parfois c'est plus génant, parce qu'il prend pour cible Monsieur tout le monde, ou bien ici les femmes, alors qu'elles font évoluer les moeurs, comme on le sait aujourd'hui. Or parfois effectivement le féminisme est caricatural dans ses exces. Personnellement j'ai vu une seule mise en abîme, mais vraiment étonnante. Alors pourquoi cela est utile à mentionner? Les mises en abîmes c'est vraiment une technique propre au théâtre, qui n'a pas d'équivalent dans les ballets, ou les opéras. C'est ce moment où l'auteur a intégré une pièce à l'intérieur de la pièce de théâtre. Pour moi, c'est surtout le moment où le théâtre fait rêver. Où l'esprit du public part d'un seul coup hors de la représentation dans une autre représentation. J'ai trouvé ce moment unique lorsque le personnage Henriette n'écoute pas les sonnets qui sont déclamés pour tenter de la séduire, elle fait vraiment autre chose, comme si elle jouait dans une autre pièce de théâtre pendant que le reste des acteurs tentent d'attirer son attention. C'est très surprenant et très touchant cette lumière sur le visage d'un acteur qui est ailleurs pendant la pièce. # écrit le 11/06/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Un spectacle qui sort des sentiers battus, et permet de revenir aux sources d'une pratique théâtrale (la comédie-ballet) qui existait avant les premiers Opéras français, et qui a failli disparaître après la naissance de l'Opéra français dirigé par Lully. C'est un genre qui persiste aujourd'hui dans tous les plus grands spectacles de théâtre où le spectateurs a parfois l'impression que les acteurs savent tout faire (chanter, danser, jouer la comédie, faire des acrobaties...), et qui permet de redécouvrir Molière sous son vrai visage (c'est à dire pas de manière scolaire, mais vivante). Le public oublie souvent que quasiment la moitié des pièces écrites par Molière étaient jouées en musique (composées par Charpentier) et que même le Bourgeois gentilhomme est un ballet initialement. Le jeu des comédiens est plutôt léger, communiquant la bonne humeur. Peut-être qu'en utilisant moins d'accessoire l'effet serait encore meilleur. Les comédiens se paient aussi une parodie de Sérgio Leone en jouant Ennio Morricone au piano. Petit moment d'extase! Et plusieurs scènes sont mises en abyme. Cela montre que pour Molière le texte est vraiment ce qui structure la pièce plus que la musique. Alors que dans les "comédies-ballets" contemporaines, comme, par exemple, "Les Producteurs", adapté de Mel Brooks (qui en fait n'est pas vraiment une comédie-ballet, mais plutôt un genre concurrent le show musical d'opérette) et bien les mises en abyme ne sont pas vraiment traitées comme telles, et c'est plutôt le rythme de la musique qui l'emporte. Comme quoi le débat des origines, entre Molière et Lully, pour savoir qui doit structurer la pièce : le musicien ou l'écrivain? est un débat toujours d'actualité sur nos scènes pariennes de spectacle. # écrit le 04/06/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Spectacle de haute volée et vertigineux, dans les sphères d'une satire de la métaphysique, avec un jeu des comédiens piquant, passant par de multiples registres, emporté dans une sorte de machine infernale dionysiaque. On rit, on s'énerve, on reste impressionné par la portée critique et iconoclaste de l'auteur, et par le jeu des acteurs allumé de milles feux. On se demande si la salle va s'éffondrer, si elle n'est pas trop petite, s'il ne faudrait pas plus de comédiens...Bien joué! # écrit le 28/05/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Ne cachons pas la vérité, je suis très déçu que la pratique de la lecture publique se généralise. Il reste que dans le cas ici présent, les mots de l'auteur gagnent à être respectés à la lettre. L'expérience est saisissante, même si la méthode est un légèrement brutale. Cela fait réfléchir sur le pouvoir du langage. Le véritable pouvoir est peut-être la maîtrise du langage, qui autorise plusieurs niveaux de lecture. En face de ce pouvoir des mots maîtrisé par certains auteurs, c'est étonnant comme tous les autres discours portés par la culture de masse en partant du politiquement correct, jusqu'à la propagande militaire affichée n'ont jamais été capables de la moindre résonnance, malgré tout ce qu'ils consomment comme énergie. # écrit le 22/05/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
J'ai trouvé qu'il s'agit d'une variation sur deux thèmes clefs de la littérature moderne : le thème des faux-départs qui répondent en même temps à un besoin vital, qui est un thème cher à S. Beckett également, dans Fin de partie, et aussi le thème de l'inceste entre un frère et une soeur, que l'on peut retrouver par exemple dans le roman Perturbation de Thomas Bernhard. L'écriture de Marguerite Duras, au service de l'innommable, est une écriture qui semble imiter, avec poésie, les tâtonnements de l'esprit qui pose des mots sur des souvenirs partiellement refoulés, d'autant plus fortement qu'ils sont tabous, secrets. Ici pouvoir poser des mots sur leur passé commun conduit l'un personnage à prendre l'initiative de la séparation. En effet l'inceste semble bien être un thème clef de la littérature moderne parce qu'il fait écho et en même temps permet de marquer la différence par rapport à des thèmes phares de la tragédie grecque de Sophocle. Agatha est-elle une Antigone moderne, ou bien l'opposé d'Antigone? Le jeu des acteurs est excellent. La tension est ressentie dans la salle à l'écoute de tout ce qui peut être dit ou pas sur l'innommable et qui peut suggérer chez le spectateur une relecture de son propre passé. # écrit le 19/02/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Pièce assez courte, qui sort complètement des sentiers battus, et rassemble les ingrédients de la formule excellente de Molière, tournés d'une façon singulière. Plutôt que d'être centrée sur le portrait d'un caractère extraordinaire, ici, le personnage principal est l'homme du commun qui se trouve dans une situation théâtrale où il va rencontrer des personnages extraordinaires (philosophes; chiromanciennes; magiciens) pour tenter de se sortir d'un piège où il s'est engagé lui-même. C'est un peu triste quand le public s'identifie au personnage central, mais c'est de bon conseil. Cela donne envie de mieux connaître Molière en l'abordant à travers ses pièces les moins célèbres. Ce n'est peut être pas une très grande pièce, mais c'est d'une importance tellement énorme de pouvoir avoir un regard neuf sur les sources de l'auteur, et cela jette une lumière nouvelle sur le reste de l'oeuvre à laquelle autrement on ne serait plus attaché. # écrit le 12/02/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Un sabat diabolique et lyrique planant au-dessus la mer de médiocrité laissée par la société de l'information. En même temps c'est aussi une introduction à la poésie espagnole qui ne se comprend pas forcément bien sans un sens de la gestuelle. Il s'agit également de faire revivre l'âme du cinéma de Bunuel, du surréalisme en général, et d'un certain nombre d'auteurs que la globalisation nous a rendus plus ou moins étrangers parce qu'ils ne parlent pas anglais. Spectacle pas toujours facile à suivre dans ses envolées, mais parfaitement structuré, avec une mise en abyme. La qualité principale du spectacle est qu'il est pour le moins inattendu. # écrit le 06/02/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Ici, j'ai l'impression forte de retrouver le vrai théâtre de la cruauté, le théâtre frappeur, sans concession, qui fait face au néant culturel de la société et qui lui renvoie une image déformante d'elle-même. J'ai beaucoup aimé, les situations et la caricature de l'acteur egocentrique tel que la société conditionnée ne peut que se le représenter. Comme un machiste d'un ancien temps. J'avoue ne pas avoir lu Thomas Bernhard avant, et le découvrir sur scène comme un grand maître du théâtre allemand..J'ai trouvé cette pièce difficile : assommante au premier degré et comique la caricature de l'acteur défendant les exigences que plus personne ne comprend, dans une société pseudo-nazie et arriérée qui évoque aussi par bien des aspects la politique culturelle actuelle en France et dans l'Europe après le Brexit pendant la crise sanitaire. Il faut peut-être avoir connu dans la vraie vie un personnage qui avait tout du Faiseur de Théâtre pour participer à ce qui se passe sur scène et voir derrière la caricature visible, vie de l'artiste au sommet de son art qui échappe vraiment au système qu'il critique. C'est comme aimer une musique de Webern, cela suppose une certaine connaissance du monde artistique, et des conditions difficile de l'innovation. L'art moderne sans pour autant cultiver l'ermétisme est devenu un monde à part, qui ne laisse pas facilement saisir à la première lecture, même si, c'est encore heureux, les moyens d'y accéder sont nombreux et à disposition. # écrit le 30/01/22 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
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Thomas GT dans Artichaut